THE SECRET LIFE OF MISSY M.

"Qu'est-ce tu d'viens ?" entend-on par ici. "Qu'est-ce tu fous d'ta vie ?"
Elle félibre, pardi. Elle hiberne. Elle fenestre. Elle fouit.
La sénestre. La vieille baderne : Elle VIT.

Elle a suivi les rails jusqu’à la Confluence. Visité la Turakie au coucher du soleil. Pays de l’Anarchie au goût d’enfance. Rhinotrain. Chemin de fer à cheval. Séchoir à anges. « Parce qu’en cas d’inondation les premiers qui trinquent, ce sont les anges endormis dans les coins ».

Elle a touché des yeux l’épée de Roland. Parlé Loups d’Abyssinie et « Renards volants » avec un ostie de Viking (Rire). Elle a pensé à Simon. A Pascal. Au Kiwi, aussi. Elle a bien mangé. Bien ri. Elle a vu pleurer un chien. Et fleurir une banane.

Elle s'est entichée d’un Polochon (3ème du Nom) au Parfum de Liberty. A joué la Demoiselle Sarladaise devant des oies de marbre. Elle a pensé à Goffette. À ses Sauvages.* Elle a relu "Partance". ** Embrassé la vie du bout des rêves. Elle a crié Aline, pour qu'elle revienne. A jasé de Marguerite, et de son porte-serviettes. A dressé missives dans le vent des mouettes avachies. A conté la folle histoire d’Amédée Pan, évadé de sa prison en plein coeur du Sahel pour retrouver sa mie. Elle a. Retourné les cimetières d’une partie de la Moselle… Pour un fabriquant de Pain d'Epices. Elle a vidé des caves et remplies des bouteilles. De Pissenlits.

A 7h19 J. (Aka P. aka Iphicrate.^^) lui a envoyé un Q. Elle en rigole encore. . . . Elle a songé à grandir - Hier - puis elle s’est rappelé Manu : « Pour quoi faire ? » Alors. Elle s’est envolée pour Beyrouth de la Tête de Chien. Elle a pensé à Piou-Piou. Aux Dardanelles. À Marie Martin.

Juin 2015

Elle s’est vue délivrer le secret du bonheur en sortant les poubelles :

Donner plus. Attendre moins.

Depuis. Elle plagie souvent la Tchatcharelle :

On ne dit pas "J'ai pris le Soleil" mais "Le Soleil m'a pris."

L’Oiseau à Ressorts continue de remonter les jours. Elle va bien.

© Matin-Rouge 2015

* "J'aurais pu commencer plus mal, il est vrai (finir, nous en parlerons une autre fois). Par exemple, en tombant amoureux. Il suffit de si peu : une certaine odeur, un unique sein verdoyant, etc. Heureusement, la femme est toujours restée invisible et puis, j'ai la narine plutôt sourde. Non, le pire est cette impression de n'avoir jamais commencé, d'être là depuis toujours à attendre que ça veuille bien se mettre en branle. Quoi ? je n'en sais rien. La vie promise, peut-être, celle qu'on a entrevue dans l'enfance, au temps où l'on était l'arbre qui grimpe dans la lumière, le loriot qui brûle au fond des seringas, l'eau dans le miroir aux alouettes qui s'en va endormir les sirènes ; au temps où le temps n'était pas, sinon ce peu de sable au bout du jour qui nous montait aux yeux avec la marée haute de la nuit. Cette vie-là, oui, qu'on a perdu un beau matin dans un creux, parce que le coeur tout à coup s'est mis à marcher plus vite que nos jambes derrière une fille aux yeux de myosotis, plus grande que nos rêves. ( . . . )"

** « "Au fond, les vrais voyages sont immobiles. Immobiles et infinis. Solitaires. Silencieux. Souvent, ils commencent dans une chambre où l'on est enfermé parce qu'il pleut ou parce qu'on est malade, obligé de garder le lit. On a huit ou neuf ans, le goût des images qui partent toutes seules dans tous les sens et qu'on lit de même, en sautant par-dessus les fuseaux horaires." Souvenirs, portraits ou notes ferroviaires d'un vagabond furtif, ces courts récits s'offrent comme une variation musicale autour du mot de Rimbaud : " On ne part pas." »