LE LAC DE L'ÉCUREUIL

J'ai trois ans. Pas d'erreur, les jours ne mentent pas. J'ai trois ans et ma pupille explose en mille éclats de vers . . . C'est un. Coup de poing dans les côtes du poète. Et des questions, déjà : Qui a inondé de feu la terre ? Saturation. Rouge. Vert. Rouge. Vert . . . Chut. Dévore et tais-toi.

Mme Forestier l’indiqua : — C’est l’Estérel.
L’espace derrière les cimes sombres était rouge.
D’un rouge sanglant et doré que l’œil ne pouvait soutenir.
 

"Bel-Ami" Guy de Maupassant.

Mais soyons honnêtes: L'écureuil, on n'en a jamais vu la queue.^^ Ici c'est le Ravin du Grenouillet, rebaptisé par nos soins "Lac des Grassouillets", en amical hommage (Si si) aux coin-coins empâtés par les aborigènes. (Pas gênés du tout.) Anatidés fourbes. Cupides. Reconnaissant à celui du pain rassis, le bruit du caillou qui coule . . . ^^ 

Vois la pédance des cols verts.^^ Exhibant leur derrière remplumé. En pitance aux randonneurs.

"Grenouillet", "Gratadis" . . . Combien de noms pour cette mare aux canards ? Gratadis . . . Gratte à cent.^^ Je pense irrémédiablement à la Grata-Keka nissarde. Et les brindilles submarines viennent chatouiller de leur reflet mon gosier délicat d'enfant terrible. (Celui qui avalait les noyaux de Cerises dans l'espoir d'un Sakura intestinal . . . ^^) 

 Et tandis que la faune balise, les chênes montrent la voie.

Vallon du Mal-Infernet - Massif de l'Estérel (83) © Matin-Rouge 2015
Vallon du Mal-Infernet - Massif de l'Estérel (83) © Matin-Rouge 2015

Ici nait le Canyon du Mal-Infernet. Et le toponyme (Hérité de l'ancien français) est riche de sens. Il nous rappelle qu'au Moyen-Age, les malades de la peste étaient jetés au fond de ce ravin . . . (Non vraiment, MaRou, c'est charmant.) J'avoue. ^^

Petit Poucet. (Aka Broccoli . . . :p) Semant d'un pas alerte lambins, lambines. Et autres clampins clampant sur les épines. De pins. Naturally. Les conifères au garde-à-vous ouvrant la voie à Bibi.

Wait. "Forêt de Pins", on a dit. Well . . . Forêt de chênes, aussi. Lièges, il va sans dire. Tiens, saviez-vous que le chêne-liège résiste aux incendies ? Il subit certes comme tous les végétaux l'assaut des flammes, et toutes ses feuilles se consument. Cependant, son écorce épaisse, isolante et peu combustible ne brûle que superficiellement et arrête la progression de l'incendie. "L'écorce du chêne-liège protège aussi les tissus conducteurs de la sève et l'assise génératrice de l'arbre. Après le passage du feu, même si le chêne-liège paraît entièrement calciné, des bourgeons "dormants" sous l’écorce se réveillent et donnent naissance à de nouvelles pousses. Environ vingt mois après l'incendie, l'arbre a retrouvé toute sa couronne végétale . . ." 

Ici on ne sait plus si c'est un reflet ou une chimère.

En arrière plan, le Pic du Cap-Roux (Qui fera sûrement l'objet d'une nouvelle balade . . . ). Face à nous, une forêt d'eucalyptus. (Wait . . . On n'avait pas dit "Forêt de Pins" ? Ou de chênes-lièges ?) Well . . . Entendez par "Exceptionnel biotope", joyeux bordel.^^ Le bon Dieu a déversé ici les restes de sa palette. (Graphique, la palette.^^) Le rouge ferrugineux de la rhyolite (Lave volcanique) les verts absinthe, malachite, chlorophylle, bouteille . . .  Le jaune des mimos, le blanc des bruyères. Les eucas opalins. Et sous le ciel électrique, on s'attend à voir surgir un reptilien.

À l'orée d'une jungle à la mâche Hollywood, des cèdres rouges dans le lit de l'Agay. 

Je repense à ce chien, qui lâcha sa proie pour l'ombre.

(Et le zèle qui fut mien à l'heure de dessiner. Des saucisses en chapelets.^^)

Chacun se trompe ici-bas.

On voit courir après l'ombre

Tant de fous, qu'on n'en sait pas

La plupart du temps le nombre.

Au Chien dont parle Esope
Il faut les renvoyer.
  

Ce Chien, voyant sa proie
En l'eau représentée,

La quitta pour l'image, et pensa se noyer ;

La rivière devint tout d'un coup agitée.

A toute peine il regagna les bords,

Et n'eut ni l'ombre ni le corps.

"Le chien qui lâche sa proie pour l'ombre" Jean de la Fontaine.

Écrire commentaire

Commentaires: 9
  • #1

    Christiane H (vendredi, 06 mars 2015 07:39)

    J'aimerais pouvoir faire comme vous autant de jolies balades, mais on a malheureusement vite fait le tour de ma région. Merci pour les belles photographies.

  • #2

    Le Marginal Magnifique (vendredi, 06 mars 2015 13:40)

    Tu n'es jamais à court :-)

  • #3

    Walter Closet (vendredi, 06 mars 2015 14:26)

    Ce site est un bordel sans nom !

  • #4

    Manon (vendredi, 06 mars 2015 18:03)

    Je savais pas pour les chênes lièges. C'est fort. Merci encore pour la balade.

  • #5

    matin-rouge (vendredi, 06 mars 2015 20:47)


    @Christiane H: Merci pour la visite.
    J'ai effectivement de la chance. Et je la mesure. M'est avis cependant que l'on n'a jamais fait le tour ni des choses ni des gens. Et que l'on ne fait jamais le tour que de soi-même. De quelle région êtes-vous ?

    @LMM: Jamais à court de carburant.^^

    @Walter Closet : Et vous n'avez pas vu ma chambre !!!
    Soit dit en passant, j'adore votre pseudo.

    @Manon: Merci à toi. : - )

  • #6

    Jean Daniel (vendredi, 06 mars 2015)

    Bonsoir quand ces photos ont-elles été prises ? Je vois des chênes en feuilles et beaucoup de verdure.

  • #7

    ben (vendredi, 06 mars 2015 22:57)

    Bah il était où l'écureuil?

  • #8

    matin-rouge (samedi, 07 mars 2015 00:17)


    @Jean Daniel: Les photos ont été prises la semaine dernière. ; - )
    Le chêne-liège a - contrairement à son cousin - un feuillage persistant. Il ne perd donc pas ses feuilles en hiver. Idem pour l’Eucalyptus et le Pin d’Alep. ; - )

    @ben: J'aurais bien une réponse mais je ne suis pas sure qu'elle te plairait. :p

  • #9

    Christiane H (dimanche, 08 mars 2015 09:52)

    J'habite en Champagne-Ardenne. Autant vous dire que nos hivers ne sont pas les votres ! Si vous connaissez de jolies balades dans la région je suis preneuse.

Ce site relève de la propriété intellectuelle de celle qui vous l'inflige. Présentement Matin-Rouge.

Loading

Red dingue de Matin-Rouge ?

Abonne-toi !


L'Inaperçu

SYLVIE GERMAIN

Kafka sur le Rivage

HARUKI MURAKAMI

Le Loup des Steppes
HERMANN HESSE