FÊTE GALANTE

 

"La Fête de la Violette" eut été plus indiqué, je l'admets. Toutes mes confuses aux mots fléchistes. S'il en est. Aux indics hâtifs^^ et autres référenceurs fous à la balise sémantique . . . Et puisqu'on en est aux confuses: "Encore Tourrettes ? Monomanie, mazette !" Ta zette, oui.  Mais pas sur la moquette. (Please) Et : Pas maniaque à demi . . . Mais. Trêve de plaisanteries.

 

 

Tout commence par un regard. Posé.

Fouler des yeux l'Univers. Décomposer. 

 

VOIS

Les convives à la bouche élastique. Leurs quinquets rutilants. Terne magique.
1, 2, 3. Lampes incandescentes aux champs polysémiques. 

Euphorie dilettante au menu. 

Des cancres anorexiques. 

 

Il n'est pas nécessaire de tout comprendre. 

 


Mes vers ont le sens qu’on leur prête. Celui que je leur donne ne s’ajuste qu’à moi. Il n’est opposable à personne . . . Il n’y a pas de vrai sens. Pas d’autorité d’auteur. Quoi qu’il ait voulu dire. Les mots sont des paysages. Traversés par des routes. Qu'il nous/vous reste à emprunter . . . 

La tradition provençale veut qu'on plante 3 cyprès dans son jardin, en guise de bienvenue. Comptez-les donc (Si vous n'avez rien de mieux à faire . . . ) et osez me dire que cette terre n'est pas accueillante !^^

 

"( . . . ) C'est un arbre qui est beau chanteur. C'est un peu comme une fontaine, ça coule, ça fait son bruit, ça fait son chemin,. . . . L'eau ici était mesurée à la burette. Donc pour nous, remplacer la fontaine, on plantait un cyprès au bord de la ferme, et comme ça à la place de la fontaine de l'eau on avait la fontaine de l'air avec autant de compagnie, autant de plaisir. Le cyprès s'était comme cette cannette qu'on enfonce dans le talus humide pour avoir un fil d'eau. On enfonçait le cyprès dans l'air et on avait un fil d'air. On venait s'asseoir là dessous, fumer, écouter. Ce bruit sur les soucis dans la tête, ah! que c'est bon." 

Jean Giono "Solitude de la pitié" 1932.


Deux amoureux transis, sur un chemin de ronde.


"Parce qu'il est rugueux et laid. Parce que ses branches sont grises." Parce que Barbarie.. Parce que Sycomore. Parce que la figue n'est pas un fruit . . . Parce qu'Octavio Paz. Darwich. Namur . . .

Enfermé entre quatre murs (au nord, le cristal du non-savoir, paysage à inventer; au sud, la mémoire sillonnée; à l’est, le miroir; à l’ouest, la pierre et le chant du silence), j’écrivais des messages sans réponse, détruits à peine signés. Adolescence féroce: l’homme qui veut être et qui ne tient déjà plus dans ce corps étroit, étrangle l’enfant que nous sommes. (Après des années, qui je vais être et jamais ne serai, dévaste mon être, le chasse, dilapide les richesses, commerce avec la mort.) Mais à cette époque le figuier venait jusqu’à ma retraite et frappait avec insistance aux carreaux de ma fenêtre. Je sortais et pénétrais en son centre, torpeur visitée par les oiseaux, vibrations d’élytres, entrailles d’un fruit d’où tombe goutte à goutte la plénitude. Les jours de calme, le figuier était une caravelle de jade pétrifiée, qui se balançait imperceptiblement, attachée à un mur noir qu’éclaboussait de vert la marée du printemps. ( . . . )

Octavio Paz, "Le Figuier" in "Liberté sur parole" (Gallimard)


"Dans la vie, il y a des cactus"  | "Et je me pique, de le savoir"

    

 Vois. Comme l'humain est malheureux. En cette férie dominique.

Ces quelques mots en hommage à Francis Thompson, théoricien lépidoptère^^ (Cf. La "Théorie du Chaos", que l'on appelle "L'Effet Papillon") Aussi. À Théodore Monod, le Chercheur d'Absolu . . .

Thou canst not stir a flower
Without troubling of a star.

Toute chose se trouve, d'un pouvoir éternel, en secret, reliée à toutes les autres, si bien qu'on ne saurait cueillir une fleur sans bousculer une étoile.
 

Francis Thompson "The Mistress of Vision" (1913)


Un pote âgé, à la culture riche. Comme la Terre.



 

Et puis. La java s'invite à nos fenêtres. En petites touches violines.

 

 

L'abeille coule. Des jours radieux. Aux pensées intestines.
Tandis que Viola sue. Le flot de Limoncelle.

 

 

Autrement dit : Il était une abeille, butinant du Bolduc. Et un troupeau de trouducs (Navrance apocope) soulageant leur vessie sur les parterres pensants . . . ("Violettes odorantes", tu m'en diras tant . . .^^)


Alors. Prendre de la hauteur.


Tourrettes-sur-Loup, vue de la Route des Queinières - Au loin, Nice (06) © Matin-Rouge 2015
Tourrettes-sur-Loup, vue de la Route des Queinières - Au loin, Nice (06) © Matin-Rouge 2015


Chevaucher la mer, à dos de pachyderme.


Savourer l'instant. Qui sera bref, et c'est tant mieux. À califourchon sur des peut-être, la vie s'épuise plus qu'elle ne peut. N'être alors. Qu'un point de suspension. Entre la lune et ses yeux . . .

 

Et puis l'heure vient. Où les murs nous appellent. Aux sons des fifres et tambourins.

 

Un mur confus de la rue Droite (Tourrettes-sur-Loup) © Matin-Rouge 2015
Un mur confus de la rue Droite (Tourrettes-sur-Loup) © Matin-Rouge 2015

 

Alors. Laisser la nouba pénétrer nos esgourdes.

Et le fard à mineux. À leurs paupières sourdes.

 

Amo a mi Mosa (Tourrettes-sur-Loup) © Matin-Rouge 2015
Amo a mi Mosa (Tourrettes-sur-Loup) © Matin-Rouge 2015

Encore un instant. Suspendu. Aux yeux du grand Vizir.^^

 

Un peu de poésie. Dans ce monde de bruit(s).

 


Mais. Place à la Fête !


Nota (molto) Bene (Anticipons la vindicte^^)
: Ces photos n'ont - et c'est heureux - aucunes prétentions artistiques. Elles n'ont d'ailleurs la prétention de rien. 
Elles illustrent des festivités, couvertes par la presse en long en large et en taulière. En Une des quotidiens, la violette sous toutes ses coutures. Et les chars latents en faire-valoir documentaires . . . Me concernant, j'aime quand les coutures se font la malle. Le bout d'épaule, le poil hirsute. Le pastis en rigole et le corps sage en lutte. C'est pourquoi je préfère le charnel aux chars nus. Car les chars meurent sans quelques êtres plantés dessus. (Sourire) Reste qu'il n'est pas aisé - Mon bel Oranger - de shooter la foule en plein cagnard. (Rottweiler Style) Surtout quand on oublie, comme une gourde, qu'elles se meuvent, les gambettes. La vague rouge ? Un Watermark cool dans la déferlante violette. 


Fin de mess . . . La fête bat son vide. "Au banquet immuable" les cons vivent exigeants. Pleins comme des outres cuidantes. Bouchés à l'émeri. Empathie dissidente. Creux comme des radis. Plus la Turista vient de loin, plus elle en veut pour sa pécune. Mais il n'est nul besoin qui ne soit aux pâquerettes plus éloignés de la lune. À ceux-là: Tourrettes n'est pas Nissa. Elle n'a jamais prétendu l'être. Mais les enfants de son pays ont le coeur aux fenêtres et le fiel assoupi . . . 

 

(STOP) Le temps s'affole au clocher vénérable.

 

 

Les fleurs se meurent d'avoir livré bataille. (Pourvu que Fontaine soit sauf ! Ahah) Les sols jonchés de cadavres, rêvent de pluies diluviennes. Et tandis que les cars ôtent (Les carottes. Eheh) tout silence aux entours, les venelles -taries de miel et d'ombre- se parent de solitude . . .

 

 

Alors, trouver refuge. Place Maximin Escalier. Au château du "Bâtard", comme on le nomme ici. Guichard de Villeneuve, autrement dit. C’est vers les années 1965, peut-on lire (Ici), que "la municipalité de Tourrettes, avec son maire, Maximin Escalier, prit la décision d’acquérir le vieux château, menaçant ruines, afin de le restaurer et d’y installer les bureaux de la Mairie." ( . . . )

 


Ici le temps. S'accroche aux fenêtres.


"Le ciel est englouti par les fenêtres, le regard par le vide. Nous n'avons d'yeux que pour le grand trop du dehors, pour ce qui nous emporte loin du front. Nous regardons fixement les paysages que nous avons créés sans voir l'intérieur qui les fonde, les nerfs, les os, les viscères, le sang, l'eau. Ce qui se trouve hors de nous à la fois nous attire et nous repousse dans les limites de ce que nous sommes. Nous cherchons à percer les murailles les plus épaisses pour entrevoir le jour incroyable. Nous nous gavons de formes jusqu'à l'effroi. Quand le trop-plein du regard déborde, le vertige nous saisit. Un peu de neige sale sur le sang, la terre et les pas, le goudron à l'ombre des rues, les fenêtres ouvertes comme des crânes sur le ciel." 

Raymond Bozier "Fenêtres sur le monde"

"L’homme porte un drap rouge sur le dos. Il marche sur la grève. ( . . . ) Est-ce Ulysse ? ( . . . ) Il nous parle des épreuves et de leur franchissement, du goût des victoires et des volontés incessantes de recommencer. Il nous dit combien il est difficile de partir, de tout quitter, d’oublier d’où l’on vient. Il nous enseigne la fidélité à ce que l’on est. Homère nous raconte le parcours de cet homme devenu un héros. ( . . . ) L’homme marche sur la grève, il revient de son périple. Quel était son tourment ?" 

Franck Pourcel, Extrait de "Au croisement, Ulysse ou les Constellations". Le Bec en l’air éditions.

"Eux" © Matin-Rouge 2015
"Eux" © Matin-Rouge 2015

Et la journée s'achève, comme un rendez-vous galant . . .

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Commentaires: 9
  • #1

    Remi (samedi, 28 février 2015 12:44)

    Tres riche.

  • #2

    Le Marginal Magnifique (samedi, 28 février 2015 14:07)

    Ce mélange entre photos, poésie, culture et expérience personnelle est toujours aussi unique et séduisant !

    Au fait, il semble que nous nous soyons croisés sans le savoir, puisque moi aussi étais de cette fête :-).

  • #3

    x (samedi, 28 février 2015 20:02)

    t grosse

  • #4

    Manon (samedi, 28 février 2015 23:52)

    J'aime trop. Les références sont intéressantes et les photos sont magnifiques comme toujours. Toi aussi tu es belle. Et j'en veux bien des hivers sous ton soleil.

  • #5

    ben (dimanche, 01 mars 2015 09:44)

    Moi aussi j'étais de la partie ! C'est toi qui a ramenée tout ce monde avoues !!!! :p x est jaloux il a pas eu son bouquet de violettes

  • #6

    Vagabonde (dimanche, 01 mars 2015 10:15)

    J’ai noté quelques perles. Je vous les emprunte.

  • #7

    Boule (dimanche, 01 mars 2015 12:20)

    Lumineux

  • #8

    Le bateau ivre (dimanche, 01 mars 2015 12:22)

    J’étais aussi de la partie. Quel regret de ne pas avoir eu vos yeux pour guide.

  • #9

    matin-rouge (dimanche, 01 mars 2015 13:10)


    @Remi: J'suis dans l'immobilier. ^_^ Merci.

    @LMM: Merci pour ce retour ! Ça fait plaisir.
    Difficile de croiser son ombre en pareilles circonstances. Mais oui, il se peut que nous nous soyons croisés. Et que nous nous croisions encore. Ici ou ailleurs.

    @x: Très. Sinon je m'envolerais.

    @Manon: Merci Mistinguette ! ; - )

    @ben: Ben Hur, sur un char, comme c'est original . . . :p Et pour le monde je m'inscris en faux ! Il s'est ramené de lui-même.^^

    @Vagbonde: Faîtes. Les mots sont à tout le monde.

    @Boule: : - )

    @Le bateau ivre: Je ne suis pas un phare. : - ) (Quoi qu’un fard, éventuellement. ^_^) Lâchez la bouteille^^ et larguez les amarres. Rimbaldiennement.

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