AU HURLEMENT DU CRÉPUSCULE

Comte de Falicon. 6h du matin. Un renard traverse la route.

 

C'est ainsi que commence l'histoire (Avec un petit "h". Comme une constante planckée.) celle qu'on se roule sous les aisselles et qu'on se fume au coin du feu follet. Comte de Falicon. 6h du matin. Un renard traverse la route, disais-je. Et Partner de me lancer: "C'est un signe !" Nenni-da. C'est un renard . . . Dis-je. (Sourire)


- Chiens de Traineaux au Col de Larche -


Prendre la route aux aurores. Leur laisser nos bagages un peu lourd.

Et de quoi briller encore. Le temps d'un rendez-vous.

 

L'hiver, tous les cols de la région sont fermés. "Dans l'cul, la Bonette", qu'il disait . . .
Il faut les contourner. True Story (Prononcer à l'indienne pour plus d'effet.^^) Pour se rendre en France, il faut passer par l'Italie. "Contourner". Cons. Tourner. Ça pour tourner ils tournent, les cons damnés. Condamnés à remonter la Plaine du Pô (Lucky ones !^^) et la Stura di Demonte. Con-damnés à con-tourner pour con-quérir. Les sommets. Voyez, le "con" divertit et s'incruste. C'est con-sternant. Dit-elle. Avant de con-tinuer. Colle di Tenda. Limone Piemonte. Pas la queue d'un citron . . .

Vernante, aux façades pantines.. Borgo San Dalmazzo, en mémoire du martyre . . .

Demonte. Des descentes. Remonter les horloges et la pente. "Time is running short" dit-on. Elle a mis son pantalon. 

 

Bientôt arrivés à la frontière. "A l'Ouest du Soleil". Disait Murakami. Le voilà éclaboussant le Mont Malinvern. (Le soleil, pas Murakami.) Ça c'est moi qui le dis. Larche. Son col écartelé entre deux pays. Bagnet Vert ou Cachaille. Tu choisis . . .


La Liberté pour son trente-quatrième hiver. "Ça a du chien" dit-elle.

Ici le sol n'est pas encore jonché de papiers d'emballage et de boites vides. Le sapin clignote dans un coin de nos têtes imbéciles. Et au seuil de nos impatiences coccinelles, les Mush' heurent sur la neige en feutrine. . .

* Musher : L'origine du mot "musher" vient des conducteurs canadiens de traîneau qui, pour faire avancer leurs chiens d'attelage, disaient en français "marche", devenu "mush" en anglais. . .

Huskies sibériens, Alaskans, Malamutes . . . Un air de Laponie dans notre salle d'attente. Un air de "Cours-y vite" au front des abstinentes. Un air de Krakauer, de Penn, de Wilderness. Un air de rien du tout, dans le grand tourniquet. (Oh my gosh: "Tout niqué" ? Sourire) Un air de Dam's (Qu'es aquo ?^^), de Liberté. Un air frais. Revigorant. Guaranteed.^^ "Wind i my hair I feel part of everywhere" . . . 


"Freedom", tu disais ? Lafontaine se gausse. 

Un Loup n'avait que les os et la peau,

Tant les chiens faisaient bonne garde.

Ce Loup rencontre un Dogue aussi puissant que beau,

Gras, poli, qui s'était fourvoyé par mégarde. L'attaquer, le mettre en quartiers,

Sire Loup l'eût fait volontiers ;

Mais il fallait livrer bataille,

Et le Mâtin était de taille

A se défendre hardiment.

Le Loup donc l'aborde humblement,

Entre en propos, et lui fait compliment

Sur son embonpoint, qu'il admire.

"Il ne tiendra qu'à vous beau sire,

D'être aussi gras que moi, lui repartit le Chien.

Quittez les bois, vous ferez bien :

Vos pareils y sont misérables,

Cancres, haires, et pauvres diables,

Dont la condition est de mourir de faim.

Car quoi ? rien d'assuré : point de franche lippée :

Tout à la pointe de l'épée.

Suivez-moi : vous aurez un bien meilleur destin."

Le Loup reprit : "Que me faudra-t-il faire ?

- Presque rien, dit le Chien, donner la chasse aux gens

Portants bâtons, et mendiants ;

Flatter ceux du logis, à son Maître complaire : Moyennant quoi votre salaire

Sera force reliefs de toutes les façons :

Os de poulets, os de pigeons,

Sans parler de mainte caresse."

Le Loup déjà se forge une félicité

Qui le fait pleurer de tendresse.

Chemin faisant, il vit le col du Chien pelé.

"Qu'est-ce là ? lui dit-il. - Rien.

- Quoi ? rien ? - Peu de chose.

- Mais encor ? - Le collier dont je suis attaché

De ce que vous voyez est peut-être la cause.

- Attaché ? dit le Loup : vous ne courez donc pas

Où vous voulez ? - Pas toujours ; mais qu'importe ?

- Il importe si bien, que de tous vos repas

Je ne veux en aucune sorte,

Et ne voudrais pas même à ce prix un trésor."

Cela dit, maître Loup s'enfuit, et court encor. 


Ils n'ont pas l'air malheureux. Mais en ont-ils la chanson? Qui nous ressembleee . . .

"Le chien t'a souri." C'est l'effet qu'elle fait aux chiens, oui.

Pas de neige, de ce côté-ci . . . C'est tout de même un comble !

Non, Signore, Signori ; vous n'avez pas le monopole des intempéries !!! 

Rendez-nous la neve. Rendeteci i bianchi !

(This, is no cocaïne vindication, sorry.) 

Au Hurlement du Crépuscule, des rondins de bois, une Yourte, et une soupe d'orties.

Qu'importe le cocon, pourvu qu'on ait l'adresse. (Ahah) Tutoyer le luxe de patelins incurables. A la solitude allègre et toponymes improbables. Tutoyer "Les Sommets" en galiote moderne. Envelopper de ses yeux le cocon schizophrène. Et tandis que Félicie s'invite à notre table, souffle en calembredaine un air de déjà-vu. Comme un air d'Heidi au pays des slovènes . . . Déjà rêvé. Jamais vécu.



Trois heures du matin. Géhenne indochine aux refrains indigestes. Je lis :

"Il n'y a pas de mauvaises intentions. Juste un empressement mal contenu.

Alors la nuit oublie son texte."

Passeggiata mattutina. Balade matinale.

Grazie per questa passeggiata sul viale dell'oblio.

 Merci pour cette balade en Amnésie.

L'impression d'être au bon endroit. Au bon moment.

Laisser derrière soi les souvenirs et les circonstances. Se mettre à nu. Se dévêtir. Prendre de la distance. Choisir pour vestiaire une ancienne Abbaye du XVème siècle. Son âme au Vieux Logis pour toujours à la fête.

Passé Saint-Paul-en-Ubaye nous avions compris. Que les raquettes dans le coffre nous permettraient tout au plus un tennis. Pas un pet de neige dans le Vallon de Maljasset. Etymologiquement "Mauvais Gîte" ; le bien nommé. (Sourire) Mais pas besoin de raquettes pour prendre son pied. "Pedem tollere". Pour partager le butin des coureurs de terre. Sous nos mires confites . . . Confess. Want your part of it?!

"La Combe-Brémond", au bout du parking. Ça n'évoque rien. Ça ne parle à personne sinon en borborygmes. Et c'est bien. Pas de déception(s) en perspective. Point.

La Combe-Brémond, dit-elle. Dans le Vallon de Maurin. Où se trouve une carrière - Aujourd'hui hors d'état de nuire - d'où provient le marbre vert qui fut utilisé jadis. . . A la confection du tombeau de Napoléon. Premier. (Aux Invalides.)

Les ombres se découpent à la serpe sur l'ocre pieux. Dans un Hara-kiri majestueux.

La guimauve, sous sa capuche, sourit aux anges. Et l'ure coule des heures paisibles.

Au point. D'oublier le tumulte.

( "Si tu cherches un abri, inaccessible ( . . . )" )

Rompre la glace.

Essanger le linge. Sale. 


L'eau a coulé sous les ponts d'érable.

δὶς ἐς τὸν αὐτὸν ποταμὸν οὐκ ἂν ἐμβαίης


Rouges à l'orée des grands pins.

 Mi barge mi sereine. Mi-litant dans la plaine.

Aliénant les maouts à leurs instincts grégaires.

Et re mi-ours derrière.^^

( Grüdü - Livre I, 22 - La queue du Scorpion )


Bacchus et Pan nous susurrent à l'oreille : "Tout est paisible sur la terre." Mais.

Faire taire le menuet champêtre qui con-damne. Au ravissement niais.

Jeter sur le décor un regard noir et blanc.

Pour toujours et encore. Contemplatif et exigent.

Boucler la boucle.

Entacher de bleu le noir un peu lourd.

Les bras au ciel, du Mercantour.


Pas besoin de maison, disait le poète.

Que penser de celle-ci ?


Sans toit. Ni faîte. Sans barreaux. Sans fenêtres.

Qui accroche à ta tête un air de Romantique.
Renversant les canons du bonheur synthétique.

Zébrer le ciel de nos déliriums très minces.


Hisser haut le drapeau et laisser notre empreinte.

Sur le sable émouvant.

De nos vies.


A l'instant où l'on pose.

Nos airs contrits.

Nos pardessus moroses.


A l'instant où l'on ose.

La Vie.

Écrire commentaire

Commentaires: 2
  • #1

    ben (jeudi, 15 janvier 2015 11:01)

    Très beau roman photo!! Je partage. Les photos donnent envie de partir dans le décor^^. Et j'ai encore noté des phrases superbes de réalisme et de poésie comme "Ici le sol n'est pas encore jonché de papiers d'emballage et de boites vides. Le sapin clignote dans un coin de nos têtes imbéciles. Et au seuil de nos impatiences coccinelles, les Mush' heurent sur la neige en feutrine. . ." Très beau message pour finir.

  • #2

    matin-rouge (mercredi, 21 janvier 2015 15:07)

    Roman-photo ? Paye ton art narratif ! :p Elles t'ont donné envie de te foutre en l'air, c'est ce que tu sous-entends ? (Rire) Merci pour les compliments. ; - )

Ce site relève de la propriété intellectuelle de celle qui vous l'inflige. Présentement Matin-Rouge.

Loading

Red dingue de Matin-Rouge ?

Abonne-toi !


L'Inaperçu

SYLVIE GERMAIN

Kafka sur le Rivage

HARUKI MURAKAMI

Le Loup des Steppes
HERMANN HESSE