(SAC)RED WORLD (NOVEMBRE 2014)

Ce pourrait être n'importe où. Anywhere où la nature a repris ses droits. Où le soleil se couche sur un tas de ruines. Et demain se lèvera. Ce pourrait être n'importe où, mais c'est juste là. Devant nous. Devant toi. Sous tes yeux de carnaval. Qui fanfaronnent puis qui s'éteignent.

Je vous entends d'ici (Eux. Toi.) : "Y'a quoi d'autre à voir, dans ton bled, sinon ?" Vrai que c'est banal à en crever (A succomber, pardon . . .), devenu vulgaire à force d'être vu, vécu, dit, écrit, photographié . . . Vous n'en avez que faire et Doumé vous rend la pareille (L'appareil . . .).
Il poursuivra sa révolution. Que vous le regardiez ou non, on n'éteint pas le Soleil.

"Noies pas le poisson avec tes photos jolies. Y'a quoi à voir, dans ton bled, dis ?"

A part trois branches qui se courent après, du vert et des cailloux à jeter sur les palombes ?

Je vous entends d'ici, les omnichiants, qui savez tout sur tout. Tout le temps. Les Siri dépendants . . . 15 bornes plus bas y'a Machine qui vend des sorbets à la mangue. 15 euros les trois boules, paye ton roubignole supplémentaire. Mais t'affole pas, y'a un Crédit A. au coin. Même qu'y'a trois agences immobilières. Au cas où . . . 'Savez que sur Groupon, y'a une réduc' pour manger un bœuf bourguignon pas cher, le 31 des mois en "F" (Ouais, y'en a qu'un), si tu te ramènes une plume dans le derrière . . . Vous savez qu'y'a plus grand monde chez Mireille, depuis qu'ils ont rasé la ferme éducative pour en faire un centre de télésurveillance . . .

Alors, ça vaut le déplacement, ou bien ? L'autoroute. L'essence. Y'a un billard dans le coin ?

Vous savez tout mais vous ignorez combien de siècles vous contemplent. Combien de larmes. Combien de murs. Combien de sang. Cet endroit-là ne sera jamais sur vos tablettes. Jamais sur vos listes de "Choses". Il est inaccessible à ceux. Les cages à miel et les mirettes closes . . .

Ouvre tes esgourdes, bon sang ! La musique, est-ce que tu l'entends ?
Shazam passe pas, Du Gland. La musique c'est la tienne. Le sang qui bat jusqu'aux orteils.

Écoute. Lâche ton écran. Respire. La vie est là devant toi, qui t'attend.

Aux blasés, aux pressés (Oppressés). Aux repus. Aux indifférents.
. . .

A toi, l'index greffé sur ton Dumbphone, alerte sur les potins de Washington, le popotin vissé à la banquette de ma poubelle, impatient que le soleil se couche et que commence "Les Ch'tis dans la Jet-Set". A ton aîné, enchaîné à sa cravate. Overbooké. Over-face-booké. Over. Plate.

A tous ceux qui serinent à tout va qu'ils n'ont pas le temps pour des ambages.

PRENEZ-LE. Et faîtes-en bon usage.