GLI CIOCCOLATI DI HEMINGWAY

"Cuneo di Piemonte" = Littéralement : Coin du Piémont.  "Coni" en français.

(Oui, le français aime bien s'approprier les choses et les gens.)

 

Cuneo, ce n'est pas le genre de ville dans laquelle on décide de se rendre. C'est une ville "intermédiaire" entre un point A et un point B connus d'avance. On s'y arrête pour faire pipi, pour se remplir la panse. Pour tanker son char aussi. (Même si l'essence est foutrement chère dans ce coin-ci.) On prévoit pas d'y passer trois plombes. Ni d'y passer tout court. On y est, c'est tout. Et on se demande un peu ce qu'on y fout. Mais "on" est un con, disions-nous . . .

Cuneo c'est un peu l'Italien du quartier. ♫ C'est moi, c'est l'Italien, est-ce qu'il y a quelqu'uuuuun  ♫ (Que Reggiani me pardonne . . .) On sait tout juste qu'il existe. Et ça nous suffit. Il ne nous est jamais venu à l'esprit qu'il pouvait valoir le détour. "Si c'était le cas, ça se saurait." Pas vrai ? Ou pas. On se réveille pas un matin avec "Worth it" tatoué sur la face/fesse. (Grosso merdo : Sur tout ce qui commence par un "f" et qui dépasse.) Allora. Come facciamo a sapere si vale la pena? En faisant le pas. Au pire l'Italien du quartier est un branleur arrogant adepte du miroir. Collecting Mac toys and bird's heart. Mais on ne fera pas notre vie avec . . .

A Cuneo il faisait un temps de chien, on ne va pas se mentir. "Un tempo di lupo", comme ils disent
dans ce coin-ci du monde. Un tempo di lupo e un freddo cane. A l'entrée de la ville "Cuneo si fa bella". On annonce la couleur. Elle ne l'est pas. Bella. Les travaux, la poussière. La Via Roma éventrée par les bulldozers . . . Et puis quoi ? T'es jamais moche, toi ? Les vieilles frippes à sa mémère, l'haleine fétide au revif, le poil aux pattes en hiver . . . Tu voudrais pas qu'on gratte un peu ? Qu'on voie c'que t'as dans l'ventre ? Cuneo. Sa vielha vila. Des arcades et des chocolats . . .

 

Hemingway's Chocolates 
Cuneesi al Rhum

 

Les Cuneesi al Rum sont les chocolats traditionnels de la ville de Cuneo, dans la région du Piémont, en Italie.
Les Cuneesi sont de petites meringues qui sont enrobées de chocolat noir et fourrées à la liqueur de Rhum.


Pendant longtemps on ne pouvait trouver ces délices que dans la Province de Cuneo, mais grâce à Ernest Hemingway ces chocolats ont fait le tour du monde...

L'histoire raconte qu'en 1954, Ernest Hemingway était à Milan, en visite chez son ami et magnat publicitaire Arnoldo Mondadori pour discuter de son livre "Au-delà du fleuve et sous les arbres". Cela faisait près de 4 ans que le livre avait été publié dans le monde entier mais Hemingway reportait sans cesse sa sortie en Italie. Hemingway se préoccupait en effet de la réputation de la jeune femme italienne qui avait inspiré son livre ; Renata.

Dans le roman, la jeune Renata se retrouve impliquée dans une histoire d'amour basée sur la relation d'Hemingway avec Adriana Ivancich, une jeune comtesse vénitienne que l'auteur avait rencontrée en 1948 lors d'un voyage en Italie avec sa femme, Marie. En 1950, l'écrivain invite Ivancich et sa mère à lui rendre visite à son domicile de Cuba. Au cours de cette visite Adriana encouragea l'auteur à terminer deux ouvrages en cours et à commencer un nouveau roman, "Le vieil homme et la mer", qui lui valu le prix Pulitzer en 1953. Hemingway était devenu très protecteur à l'égard d'Ivancich et voulait reporter la publication de "Au-delà du fleuve et sous les arbres" en Italie afin d'épargner sa famille du scandale.
À ce stade, vous devez vous demander ce que tout cela a à voir avec les chocolats de Cuneo. Patience, s'il vous plaît. Retour à la maison d'Arnoldo Mondadori à Milan. Hemingway se préparait pour un voyage à Nice où il espérait se reposer un peu et se détendre avec son ami et biographe, A.E. Hotchner. Après avoir appris qu'Ernest se rendait en France, Mondadori lui suggéra de s'arrêter en cours de route à Cuneo et d'acheter quelques-uns de ces délicieux chocolats locaux.

Ainsi, le 8 mai 1954, Ernest Hemingway entra dans le Bar "Arione", dans le centre de Cuneo, et acheta quelques Cuneesi al Rum. Le célèbre auteur signa quelques autographes, posa pour des photos et repris la route pour Nice. Le lendemain, dans une lettre à Ivancich qui fut publiée des années plus tard, l'auteur écrit : "C'était un très beau voyage de Turin vers Cuneo avec le vert de la vallée et les montagnes enneigées ni trop près, ni trop loin."

A Cuneo je me suis donc retrouvée sur les traces d'Hemingway.

A l'insu de son plein gré. Et du mien.^^ 

Il ne faut jamais présumer de rien . . .

Photographies HDR © Matin-Rouge 2014.

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