Lève-toi et marche !

Panasonic Lumix DMC-FZ8. 1/499s, f/7.1, 4.6mm, iso 100. © Matin-Rouge
Panasonic Lumix DMC-FZ8. 1/499s, f/7.1, 4.6mm, iso 100. © Matin-Rouge


Même si l'inter dit "contre danse !"
L'être en marche continue quand m'aime (...)

Il est temps de déroger à certaines règles. 



- Mais qui fixe les règles ?

- Moi. Je.

 

Elle s’en va utiliser le "Je" plus que d’accoutumée. Le "Je" en déshérence. L’exhibitionniste en puissance qui s'offre en pâture aux voyeurs occasionnels. Le "Je" qui minaude et qui séduit. Clabaude et médit.* Qui taille des plumes aux flatteurs nés. Ou se vautre dans la fange tel un porcelet. Le "Je" qui se livre en mode "GLS". Pas trouvé la rue. Perdu l’adresse. Le narrateur omniscient qui conte à sa sauce le goût des choses et des gens. Et paraphe à la main les feuilles volantes…

Il se peut que cet article s’étale, vous l’en voyez désolée (Ou pas). De tout son long sur le 15 pouces à papa, l’écran tactile de ton Iphone 12¼ ou assimilé… Comme une flaque sur le trottoir en pente. Comme un fusil à la détente. Ou un soleil d’été. (Rayer la mention sans objet.)

Il se peut aussi que ça parte dans tous les sens. Les 5. Peut-être même 6. Qu’on y voit pas plus clair après. Et non, elle ne fournit pas les bougies. Mais trêve de bavardage. Ça pourrait commencer ainsi :

 

"Elle était assise au bas des marches, comme adossée à sa vie. (…)" (Pardonnez ce plagiat éhonté de notre maître à tous**, j’ai nommé JJG. Et notez la cohérence entre cette citation et la photo illustrant l’article.^^)

 

Les villes sont des femmes. Elles vous laissent les admirer sous leurs plus beaux atours. Les découvrir à l’orée d’un jour sans faille. Et les déshabiller d’une œillade sympathique. Mais il faut se perdre en elles pour qu’elles osent se montrer sans fard, et vous laissent les prendre toutes entières dans vos bras élastiques.

Ici Paname. J'ai froid. Paris est une vieille femme très convoitée qui n’accorde que peu de danses... Combien ont foulé ces marches tandis qu’un utopiste zélé pulvérisait de rose leur quotidien ? Combien d’entre eux ont descendu l’escalier sans même apercevoir le message qu’ils piétinaient ? Combien l’ont monté sans y prêter plus d’attention ? Combien en ont réellement saisi le sens ? Un travailleur à la peau burinée par le soleil (Dieu seul sait où il l’a trouvé…) me regarde d’un air interloqué. Il a la mine rieuse et la moue compatissante. Il interrompt son va-et-vient. À peine le temps d'immortaliser l’inscription aux traits poupins. Bisque, chair, capucine, cerise profonde. Autant de termes qui ne sauraient définir à la perfection les nuances de ce qui nous frappe en ce matin d’hiver, sous un ray indécis. L’évidence. On reste Dieu merci (Hmmm) à la merci de peu de choses. Une courbure de l’esprit. Un Magicien d’Oz. Tout est là sous nos yeux. Les mots. Et le rose. L’homme au visage boucané me fixe sans mots dire. Je lui prête de ces pensées triviales qui m’assaillent parfois dans des lieux bondés, en période estivale. "Ahlala ces touristes ! Ne cesseront-ils donc jamais de photographier cette ville ?" Il se peut que ce soit son ombre, juste là. À moins que ce ne soit juste moi . . . 

Il doit être 13h30 lorsque les marchands de Belleville commencent à remballer leurs melons d’hiver et autres pousses de bambou sauvage. Pour le coup il y a vraiment de quoi se sentir étranger. Autres visages. Autres mœurs. Autre langue. Les idéogrammes ont remplacé ce bon vieil alphabet latin. Les "mántou" *** nos "fameuses" baguettes de pain. Restaurants. Épiceries. Cinémas. Tout s’expose en sinogrammes. Jusqu’à la devanture de ce cabinet d’Avocats Juris-conseil, idéalement situé entre un vendeur de nouilles sautées et un coiffeur paysagiste. (Va comprendre…) Me voilà parachutée en terre sino-françouze. Mandarine au pays de la vinasse et du Camembert. Délicieusement perdue dans cette ambiance ouatée où les sons qui nous parviennent ont l’opacité des fonds marins. Marquer un temps. Peut-être deux. Progresser à qui mieux-mieux, comme un ethnologue en expédition dans l’Empire du Milieu. Rue Denoyer. Les murs parlent. Ici "La ville est une manif, la France une vitre, et moi un Pavé", "La Licorne au cheveux de feu, qui fait des cœurs avec son cul", un squelette au majeur frondeur, un Rimbaud juvénile. Là, du Land-Art en jardinières, "La Maison de la Plage", "C’est en croyant aux roses qu’on les fait éclore", "Cueillir une fleur c’est déranger une étoile". Et encore "La fabrique du consentement", "Il n’y a de Morale que dans la Liberté", Dali et son célèbre "Le Graffiti doit rester un mot merdeux, une insulte aux constipés de l’esprit", et ce credo érigé en pochoir "By any means necessary". Paradis du Street Art où triomphe l’éphémère.

Et puis Ménilmontant aux accents familiers. Trenet, Piaf. Rousseau. "Les Rêveries du Promeneur Solitaire". Madame rêve aussi. Les pentes sont douces. 

 

(*) Pas « Medhi », hein. Rien à voir avec « Belle et Sébastien ».
(**) Humour. Je précise…

(***) Pains vapeur traditionnels chinois. 


Le grand escalier mène aux "Buttes Chaumont", Jardin créé en lieu et place d’une ancienne carrière de Gypse. Il paraît que ça vaut le détour. J’en suis.

En chemin je rencontre (La rirett-e, la riiirett-e), qui un ours vert, qui une biche orange derrière les barreaux*. Au pays de l’absurde des coréens en chapka s’empiffrent de churros au chocolat. Et les pochoirs dégueulent des slogans inattendus sous les marquises des immeubles cossus. "Flikons les politikars" réclame celui-ci à l’interphone. Et voilà que s’éveille la Hippie en bonnet phrygien qui sommeille. En moi. (Je. Idéaliste et résistant.) Sors ta pancarte, Cosette. Il y en aurait des choses à dire…

Lorsque j’arrive à destination (Hopefully not "Final") le ciel a revêtu sa pelisse maussade et les quidams leur masque d’infortune. Paris s’excuserait presque pour la caricature… Sur les murs du Pavillon, une autruche bleu canard et un clown triste* se donnent la réplique. Pas un chat à signaler. Casper et Castine** jouent à "trappe-trappe" dans les allées. Il fait un vent à décorner les chevaux ("Heureusement il y a Findus, Finduuus"). Mais quand bien même j’avance. Première Butte, un Kiosque à musique. Un gang de septuagénaires endimanchés entame un ballet à la mode pékinoise. 8 femmes aux racines incertaines décomposent des mouvements ancestraux. L’époux de l’une d’entre elle (But which one?) filme l’exhibition d’une main de maître. Je l’imagine (À moins que ce ne soit lui-même…) orchestrant le show du siècle sur des scènes à inventer. Parmi eux un intrus s’est glissé, l’air de rien. Un clodo imbibé de houblon et de malte se prenant manifestement pour David Carradine. Il a la boule à Z, il ne lui manque plus que la toge safranée pour faire illusion… (Non, je déconne ; c’est le pire "Où est Charlie" de l’histoire du cirque, sous mes yeux sidérés.) Et tandis que le Bianzhong*** retentit, j’emboite le pas d’Olive, un joggeur au sourire amène, rebaptisé ainsi car arborant un tee-shirt de la New-Team (Ça ne s’invente pas !). Deuxième Butte. Une gloriette où les amoureux transis viennent embrasser Paname . . . 

Un graffeur a laissé vagabonder ses pensées à l’encre violette sur les murs gris. "Feu aux prisons, mort aux palais." "Rien à foutre du spectacle, on veut la liberté." J’ai en tête cette pub récente vantant les mérites de je ne sais quelle pomme dans je ne sais quel verger. Le genre de pub qui, non contente de squatter la télé, a élu domicile sur la toile. Tant et si bien que cette pauvre araignée s’en bouffe matin, midi et soir. Des pommes, donc. "Que le prodigieux spectacle continue et que tu peux y apporter ta rime." déclame une voix off digne de figurer au générique du Dark Knight (Le 1er, hein. Le 3ème ce serait vraiment salaud.). Belzébuth et ses trois acolytes bossent chez Apple sous couverture, j’en suis maintenant persuadée. (Ah, on me glisse à l’oreillette que c’est la voix de Robin Williams himself psalmodiant le célèbre monologue du "Cercle des poètes disparus".) La mercatique tuera la Poésie. Ce qui me fait irrémédiablement penser à cette phrase de Jean-Michel Guenassia dans son "Club des incorrigibles optimistes" (Big Up à Toi) : "Ce qu'elle aime, ce n'est pas Rimbaud, c'est le poète. Ce n'est pas la poésie, c'est le rebelle. C'est l'évasion. Soyez idéaliste et révolté et elle vous regardera d'un autre oeil. C'est fréquent avec les jeunes femmes rêveuses. Profitez-en, plus tard, elles changent. Un jour, elles veulent des enfants, un mari, des vacances à la mer et de l'électroménager. C'est ça qui tue la poésie." . . . Mais je m’égare.

De mon piédestal j’aperçois le Sacré Coeur. Quel meilleur endroit pour jouer les touristes ? 
 

(*) Si plébiscite il y a, preuve par l’image il y aura !
(**) Lit de graviers recouvrant les chemins de terre.
(***) Cloches de Bronze.
(****) « On lit ou on écrit de la poésie non pas parce que c'est joli. On lit et on écrit de la poésie parce que l'on fait partie de l'humanité, et que l'humanité est faite de passions. La médecine, le droit, le commerce et l'industrie sont de nobles poursuites, et elles sont nécessaires pour assurer la vie. Mais la poésie, la beauté, l'amour, l'aventure, c'est en fait pour cela qu'on vit. Pour citer Whitman : "Ô moi ! Ô la vie ! Tant de questions qui m'assaillent sans cesse, ces interminables cortèges d'incroyants, ces cités peuplées de sots. Qu'y a-t-il de beau en cela ? Ô moi ! Ô la vie !". Réponse : que tu es ici, que la vie existe, et l'identité. Que le prodigieux spectacle continue et que tu peux y apporter ta rime. Que le prodigieux spectacle continue et que tu peux y apporter ta rime... Quelle sera votre rime ? » © Robin Williams, "Le Cercle des poètes disparus" (1989), écrit par Tom Schulman.


Montmartre.
Je ne compte plus les marches depuis longtemps. Mais tandis qu’une nuée de pèlerins (Un rein pelé vaut trois tondus !) s’abandonne au Paris de carte postale, me voilà prise d’un "mal" récidivant, que j’eu appelé en d’autres temps, le "Syndrome du Con Cerné" : Rien ne nous intéresse davantage que ce qui nous touche personnellement. Le commun des mortels n’aura - par exemple - que faire de votre vie de jeune maman. Il raillera votre frénésie photographique et votre propension à la monomanie. Jusqu’à ce que. Jusqu’à que l’un de vos ‘zoïdes – Messieurs – ne remporte haut la main (Hihi) la plus belle course de sa vie. Jusqu’à c’que votre horloge – Mesdames – ne vous rappelle à grands renforts de tic-tac, l’heure qu’il est à Mamanville.
(D’où le rapport avec la choucroute, pas vrai ?^^)
Et bien, me voilà en marche 78 (OK, je compte encore les marches...) cernée d’asiatiques. Et je réalise que je n’en ai jamais autant vu que depuis…* Que j’ai appris que nous commémorions le Cinquantenaire des Relations Franco-Chinoises, il va sans dire. (Sourire) C’est un peu comme si le nombre de Yorkshire Nains ou de Fiat Panda vous sautait à la face le jour où ils – Qui du York ou de la Panda – entrent dans votre vie. 
Ça mériterait un mémoire. (Ou pas.)

Où en étais-je ? Ah oui. Paris, les Chinois. Et moi et moi et moi. J’offre à mon vieux Bridge** en fin de vie une dernière séance. Je prends en photo les gens qui se prennent en photo. True story. Je fais écho***. Je tends le miroir. Je touche à ces instants fragiles où mon œil s’essuie. Mais trop de "Je", il suffit.
Passer le Sacré Cœur et la vie en construire. Derrière aussi, l’histoire s’écrit.

 

(*) You know what I mean...
(**) Appareil Photo. Je ne me balade évidemment pas avec un pont.^^
(***) Pas "The Dolphin", l’autre. ^_^ 


Montmartre, l’envers du décor. 

Ici les hiboux veillent sur les boîtes aux lettres. Au loin l’asia-clique et autres alevins abouliques se livrent un combat sans merci. "Canon, you can" versus "Niko(n) niko shite kudasai".* Sur la cabine téléphonique du coin - Il en faut – (Des cabines, quoique des coins aussi) le Roi de la Quenelle nous somme de la fermer à tout jamais.** À quelques encablures de là s’affiche sans vergogne sur un panneau de la Préfecture de Police (de Paris) un magnifique "Warning, Ukrainian Territory", invisible aux yeux des passants qui ne cessent de passer. Un peu plus bas, un gonze en fauteuil roulant fait la manche devant un magasin de souvenirs. "Comestible". Drôle de nom pour une échoppe. Les crèvent-la-faim doivent bien se marrer. (Ou pas.) Et de me dire tout bas que le Grand Absent a décidément un humour à chier (Oops). Trois p'tits pas. Un elfe argenté. Statue de Sir*** figée devant un mur d’hier, où s’étale en lettres majuscules : "L’Amour est mort". Bichette. Espérons qu'il n'ait pas souffert... 17h. Je tourne la tête. L’homoncule se casse. "Y’en a marre" tatoué sur le front en lettres capitales.

J’aime le Paris "insolite". L’école buissonnière. Loin des sentiers battus, labourés. Des terres infatuées. De la multitude aride. Des bâtiments usés par trop (peu) d’égards.
"Les villes sont des femmes", disions-nous. (Sourire)

Itinéraire Bis. Longer les Jardins de Renoir. Descendre jusqu’au "Lapin Agile", lieu de rencontre privilégié de "la bohème artistique du début du XXème siècle (Picasso, Cendrars…) qui y côtoie des anarchistes du Libertaire." Bon ok, on dirait le nom d’un ancien bar à tapins (Oops) mais l’histoire des lieux vaut le détour. Really.**** Une fois passé le Lapin, contourner les Vignes. Et oui, on parle toujours de Paname. Des pieds de vignes rue des Saules. Wallah la radine. Souvenir d’un temps (Que les moins de 20 ans, etc…) où Montmartre n’était pas Paris. Où les laboureurs travaillaient la terre que foulent désormais Coréens en goguette et Teutons biturés. Remonter la rue de la Bonne, logiquement (Si si) rebaptisée "Rue de la Bonne Beuh". Boucler la boucle rue du "Chevalier de la Barre". Jeune homme condamné arbitrairement (En 1766) à être torturé, décapité puis brûlé (Deux morts valent mieux qu’une !). Réhabilité de façon posthume mais dont le second "R" s’est ici honteusement (Hihi) mué en "B" pour faire entrer notre célèbre martyr au Panthéon des barbus historiques. (Oui, "Portnawak", j'avoue.)

Il se fait tard. Le soleil se couche sur la Dame en Fer. Demain est un autre jour.

 

(*) « Souriez s’il vous plaît », en Japonais. 
(**)  Une pensée.
(***) Ceci n’est pas une faute d’orthographe mais bel et bien un jeu de mot.
(****) « Jusqu'au mois d'août 1914, écrit Pierre Mac Orlan, le Lapin vécut une vie dont l'indépendance était l'image même de Montmartre, où tout le monde échappait à des disciplines sociales qui, pourtant, n'étaient pas sévères. Les habitants de Montmartre savaient se créer une image assez exacte du bonheur dans l'interprétation la plus large de la loi40. » Cette époque insouciante s'achève le 1er août 1914, avec la proclamation de la mobilisation générale contre l'Allemagne : « brusquement, tout parut emporté, balayé », rapporte Francis Carco. La clientèle se fait rare au Lapin Agile, la plupart des habitués étant partis pour le front, dont beaucoup ne devaient pas revenir. Le Lapin Agile ne retrouvera plus son statut de lieu de rencontre des écrivains et des artistes de l'avant-garde, même si chaque année, le jour de l'inauguration du Salon d'Automne, les peintres ont l'habitude d'y finir la soirée. Le Lapin Agile poursuit tant bien que mal ses activités pendant l'Occupation, et redevient après 1945 un lieu de rencontre et un tremplin pour les artistes. C'est notamment là qu'en 1947 le guitariste Alexandre Lagoya fait la connaissance de Léo Ferré, et qu'en 1955 Claude Nougaro fait ses premières apparitions sur scène, en tant que poète d'abord, puis comme chanteur. © Wikipedia 


Nouvel An Chinois.

On s’était dit rendez-vous dans… Bah là, tout de suite, maintenant. "Ça te dirait de venir couvrir le nouvel An avec moi ?" Pour sûr ! Faudrait pas qu’il ait froid… (Rire) À ceci près que mon APN est en voie de décès. Et puisque nous en sommes aux révélations : je ne suis pas photographe... Et nous sommes accessoirement le 9 février. (Tadaaa !!!) Mais au diable les détails.

On s’enferme trop souvent dans ce que l’on connaît le mieux. On suit des schémas réconfortants, sortes de modèles "types" qui nous structurent. Et nous limitent, évidemment. Alors on a appris à s’affirmer, c’est vrai. Maintenant on sait dire "NON" - aux témoins de Jéhovah, aux avances de son patron, aux sollicitations permanentes de tout un chacun - c’est bien. Mais faut savoir dire "OUI" de temps en temps, aussi. Sinon on fait rien. Et on passe à côté de sa vie, sans même s'en rendre compte… Alors quand un pote me propose de venir jouer au reporter en lieu et place de son petit ami, je dis OUI !

72 hours down the road* . . . Le Blizzard** me lacère le visage. (Un peu comme si le Grand Architecte était en train de me refaire la façade, à l’insu de mon plein grès.) La pluie colle à mes cheveux tel un crachat condescendant. Un pétard vient de me fumer la terrine. (Ahah) Youpi ! 

En cette journée dominicale, nous fêtons l’entrée dans "L’Année du Cheval". Je ne sais plus qui disait (Sûrement quelqu’un de très bien) "Les dates anniversaires sont des bougies qu’on allume". (Ou "Qui nous éclairent". Ou quelque chose du genre...^^) À l’instant I, il fait gris comme dans le séant d’une souris. Et je maudis la race équine dans son ensemble. Crin Blanc, Stewball, Jolly Jumper… Je suis sûre qu’ils ont tous fini à la boucherie chevaline du 13e (La seule de Paris, c’est un signe !) et qu’aujourd’hui ils se vengent. Mais trêve d’idioties.

D’après le site de la Mairie (Que je ne saurais remettre en cause, donc.^^) le défilé du Nouvel An Chinois draine chaque année près de 200 000 personnes dans le 13e Arrondissement. Ça semble un poil exagéré, je le reconnais. Mais. Porte d’Ivry. La cohue. (Da da) Je m’attends à ce que la nénette à la voix suave nous annonce au parlophone : "Ici Beijing, terminus de ce train". À peine sortie du métro que me voilà emportée par la foule (Édith***, sors de ce corps !) jusque dans… La queue d’un Mac Dal. (WTF ?) Devant moi une centaine de personne fait le poireau de bon matin pour un casse-dalle. Circonspection, j’écris ton nom... J’apprendrai un peu plus tard – au cours de l’une de ces conversations qui partent dans tous les sens – qu’il n’y a que 7 places assises dans ce "FAST Food" et qu’il faut faire montre d’une patience inouïe pour espérer poser ses miches avant que les poules ne hennissent enfin. On a beau dire, les névroses de nos congénères ont quelque chose de réconfortant. Mais quittons ces bourriques et revenons à nos bourrins . . .

Paris compte plusieurs quartiers asiatiques, ou chinois. Le plus grand – Appelé "Triangle de Choisy" - se situe dans le 13e Arrondissement, où se tiennent –donc- les festivités. Y vivent principalement des populations d’origine chinoise (C’est mieux quand on se revendique "Quartier Chinois" ^^) vietnamienne, cambodgienne et laotienne, qui tiennent la plupart des commerces du quartier. Contrairement au Chinatown de Londres, San Francisco, voire Montréal, le quartier asiatique du 13e ne présente pas une architecture pittoresque. "Objection votre honneur : Quid de la Pagode des Olympiades ?" (Oui, je m’auto-colle.^^) Il se trouve que cet "ensemble" a été construit avant l’arrivée des chinois. (J’imagine les réfugiés des années 70 crier "Maison" (Ahah – E.T Style) en atterrissant dans le tier-quar.)
Bref. On s’était dit rendez-vous devant le "Samouraï".**** Resto Jap' en terre sino-citrique que les journalistes du monde entier semblent avoir élu comme QG. 
Poste d’observation stratégique, il offre une vue imprenable sur… La croupe généreuse d’un factotum haut comme trois litchis, assigné à la lourde tâche d’artificier subalterne. À l’heure où les crève-la-dalle prennent d’assaut les cantines, nous assistons en effet aux derniers préparatifs avant le coup d’envoi. Et tandis que la foule se masse, fébrile, derrière les barricades, les arbres dégobillent en souffrance des gerbes de pétards mouillés. Un deuxième rideau de barrières est aussitôt installé pour que le cortège puisse – dit-on - transpercer la foule sans encombre. Et nous ? Les échoués du trottoir. Comment fendre la marée humaine sans escorte et sans proue ? Dégainer le matos comme des Paparazzi en rut. Lâcher de grands "Pardon" à la piétaille, subir la folle clameur des instincts forcenés. Se présenter enfin aux agents de sécu. Leur tendre un badge digne des plus beaux collages de Maternelle. En appeler intérieurement à l’indulgence des mectons au nom de la Cause Universelle… Et tout à coup la cloche retentit. Sauvés par le Gong. "Allez-y."

Au loin les tambours. Les dragons. Les étendards que l’on brandit. Devant nous la cohorte. Massive et bigarrée. La tourbe composite. L’oeil égaré. "Ils sont de toutes les couleurs maintenant les Chinois", entend-on non loin de là, tandis que chacun hèle les biffins endimanchés. Une atmosphère délirante que je ne saurais dépeindre sans un soupçon de crudité. Coincés dans le ventre mou du peloton, entre un olibrius qui fait le bravache à nos frais, et la foule agitée, bruyante qui se pavane à la télé, nous tentons tant bien que mal d’exister. Shooting en rafale. Je ne compte plus les victimes consentantes. Les visages défilent en procession de circonstance. Les images et les sons m’envahissent. Les expressions. Les pas de danse. Les artifices. Le rouge. Vermillon, fraise, nacarat. Rubis, lie-de-vin, garance. Safrané, sanguin. Révolutionnaire. Le jaune. Or, ambré, topaze. Blond, citron, Aurore. Renard. Briseur de grève. Ma tête tourne soudain. Et le monde la suit en pérégrin. Mon APN se meurt de trop de remontrances. (L’autopsie révèlera qu’il s’agissait moins d’un ras-le-bol que d’une focale accidentée. Mais chuuut… Un peu de respect.^^) Le temps passe et tout devient flou (Au premier comme au second degré). En cherchant très loin je crois me souvenir d’un moine Shaolin se livrant sous nos yeux à une démonstration de Wushu moderne, et de ce julot mal embouché castant poupoules et autres gallinacés pour jouer les gourgandines dans son clip de rap bon marché. Je me souviens aussi m’être interrogée sur la présence d’une délégation Thaïlandaise dans un défilé sino-chinois, et m’être vu répondre "C’est politique". Il va de soi.

Le spectacle s’achève et la pluie cesse enfin. Je suis sourde d’une oreille, j’ai les cheveux enduis d’une substance infâme, des confetti logés dans des endroits plus qu’improbables, et la dragonne water-ploof de feu mon APN incrustée sur mon poing violacé. Mais j’ai ce sourire niais qu’arborent sans gène ceux que la vie a gâté. :-)

 

(*)  « How I Met Your Mother » style.
(**)  Big up ! 
(***) Piaf, bien sûr.
(****) Mais pas de Papillon sur la toile. Toi-même tu sais…


Allez. Ici Paris. Il fait un froid de connard (Ooops). 
Je viens de "couvrir" le nouvel An Chinois munie d’une fausse carte de presse.
Et mon APN est mort pour la France.

 

À vous les studios. 

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Commentaires: 2
  • #1

    Duij' (lundi, 17 février 2014 22:30)

    J'ai tout lu !!!! On remet ça quand tu veux princesse, t'es la meilleure.

  • #2

    matin-rouge (lundi, 17 février 2014 23:01)

    Mefi que j'te prenne pas homo . . . ^_^
    Merci à toi pour la parenthèse. ; -)

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