Train train

Panasonic Lumix DMC-FZ8. 1/200s, f/5, 4.6mm, iso 100. © Matin-Rouge
Panasonic Lumix DMC-FZ8. 1/200s, f/5, 4.6mm, iso 100. © Matin-Rouge

 

Accroupie dans un hall de gare. Pour la première fois depuis. Longtemps. Elle a chargé son backpack comme si elle partait pour toujours. ("Toujours". C'est tellement relatif, comme durée. Ce pourrait être demain que personne ne s'en offusquerait.) 

Un gars mendie quelques centimes à qui mieux mieux. Trimardeur ? Chemineau ? Clochard ? Il fait l'aumône à tous les voyageurs. Tous, sauf elle. La considère-t-il en égal ? De ces échoués du rail, seuls et sans le sous ? Elle n'a pas la mine fraîche des jeunes filles en fleur, et n'a de compagnie que votre serviteur. Mauvaise herbe en sol rudéral, elle n'attend plus qu'on la cueille.

Elle est "en partance". Nomade hypothétique. Sur le départ. Comme une éternelle adolescence. "Si je veux, je pars." "Quand je veux, je pars." Wanderer chimérique à l'aulne du grand écart...

Les passagers sur le retour ont quant à eux la mine déconfite des martyrs contemporains. 

Devant le kiosque à journaux, deux jeunes hongroises -ou assimilé- se prennent en photo devant leurs bagages. Elles ont le rire sonore des heures effervescentes. Sur grand écran la bande annonce de "L'amour est un crime presque parfait". (Mute) Sans le son les images ont plus de poids. Comme les mots que prononcent ceux qui ne parlent pas. 
Le troupeau défile, manifestant son râle dans un va-et-vient incessant. Comme un coït international. Elle attend son heure. Une des deux magyares lui sourit. Elle hoche la tête en signe de reconnaissance. Elle est une fois de plus en avance. Bien en place tandis que les gens se massent, fébriles, devant les tourniquets. Ils sont prêts à jaillir, au moindre branle du panneau d'affichage. Être à jamais les premiers. (Tristes sirs égo-centrés.) Ils ont pourtant réservé leur sésame. Ad nomine. Des wagons de culs serrés. Rassemblés comme du bétail. Ils ne louperont pas leur train. Leur vie, tout au plus. Et après ?

Le Paki. penché sur son épaule (S'escrimant -en vain- à déchiffrer les hiéroglyphes) fleure bon le tamien. Souvenir d'une soirée épique en Gare d'Aubazine. (15 ans. Putain.) Une jeune femme manifestement stone (à moins que) demande à 3 musulmans en djellaba s'ils n'auraient pas des clopinettes. Ils la regardent d'un air amusé. Le galérien de l'ordinaire est venu s'assoir à ses côtés. Il est italien. A besoin de rentrer sur Vintimille. Elle n'a pas un centime. Elle écoute son histoire. Il est venu rejoindre la femme qu'il aime. A du vendre son téléphone pour se payer le billet. Un aller sans retour, pour retrouver sa belle. Mais son amour s'est barré. Bien sûr rien n'est vrai. Mais les histoires que l'on invente en disent toujours plus que l'on ne voudrait. (...) 

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Commentaires: 1
  • #1

    C. (lundi, 20 janvier 2014 01:10)

    (y)

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